Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La tête de Vincent heurta le sol lourdement.

Le comte Julian se laissa tomber le visage contre terre.

Irène entoura Reynier de ses bras et l’entraîna au dehors en disant :

— Viens ! la folie de l’or te prendrait. Je la sens qui me gagne. C’est l’enfer ici. Viens vite ; le trésor tue, le trésor damne. C’est le trésor qui est parricide !

Comme Reynier hésitait, elle le souleva presque, dans l’élan de sa fièvre et s’écria :

— Choisis entre le trésor et moi, car je veux être mère !

Reynier la suivit. Il avait compris la dernière parole prononcée par elle, malgré son étrange profondeur.

Vincent Carpentier avait essayé de se traîner vers la clé, mais il était mort à moitié chemin.

Le comte Julian tourna son regard mourant vers ceux qui fuyaient et murmura :

— Fille divine ! as-tu vaincu la destinée ? Serais-je le dernier maudit ?

À cette heure suprême, il avait la beauté de Satan foudroyé.

Il ajouta, pendant qu’un rayon plus sombre illuminait sa prunelle : car lui aussi avait compris la mystérieuse parole d’Irène.