Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/434

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Irène, en costume de voyage, s’accoudait à l’appui de la fenêtre.

Sur le lit, Reynier, tout habillé, était étendu.

Au dehors, rien n’était changé dans le paysage triste, mais charmant, que dessinaient les perspectives du Père-Lachaise. Aucune trace de la violation de sépulture ne restait autour de la tombe, entourée de frais massifs, et le soleil de six heures, frappant les lettres d’or, permettait de lire l’inscription mensongère : Ci-gît le colonel Bozzo-Corona, bienfaiteur des pauvres.

Reynier, sur le lit, était en proie à une fièvre ardente. À la fenêtre, Irène pleurait silencieusement.

— Si ça t’est, égal, Amédée, disait Mme Canada, ne bouscule pas trop les effets de la petite voisine. C’est simple, mais première qualité, et propre, ah ! dame ! comme du poulet.

Elle cligna de l’œil et ajouta tout bas :

— Son départ, vois-tu, c’est des scrupules honorables, en usage dans la haute société, mais n’empêche qu’à sa place je ne laisserais pas le pauvre jeune peintre tout seul, malade comme il est.

Échalot donna à sa reine une brassée de linge qu’il venait de prendre dans la commode.

— Comme ça, demanda-t-il tout bas, tu crois que M. Reynier serait le fils de mon infortuné patron, le cavalier Mora ?

— La paix ! c’est des histoires à faire frémir ! La