Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/61

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Ah ! dame, j’ouvris de grands yeux. Le quartier prête assez à la chose, et moi, je marche toujours au milieu de la chaussée quand je reviens, le soir, par la rue des Amandiers.

Le patron me raconta une polissonne d’histoire qui semblait vraie tout de même : trois hommes postés dans l’ombre de l’abattoir, au coin de l’avenue Parmentier…

Est-ce que ça t’ennuie, Léocadie ?

Mme Canada tressaillit à cette question comme si on l’eût brusquement éveillée.

— Tu dormais ? fit encore Échalot. C’est pas flatteur pour moi.

— Non, répondit-elle, je ne dormais pas… et ça ne m’ennuie pas ; au contraire, ça m’intéresse de trop. Je peine à chercher dans ton histoire quelque chose qui n’y est pas — pas encore du moins, mais qui est dessous, bien sûr. C’est gros, cette affaire-là, je le sens. Va toujours, l’attaque nocturne est une frime. Monte dessus et arrive à ce que ton patron voulait te demander.

— Quelle magistrate tu aurais faite ! murmura Échalot. Tu as la subtilité de Voltaire ! M. Mora me montra une égratignure qu’il avait à l’épaule gauche, et un noir au poignet : une frime, tu as bien raison. Voilà ce qu’il voulait me demander, c’était d’installer une lunette d’approche dans la chambre de Mme Irène.