Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/75

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Et l’entretien se remonta petit à petit jusqu’à une scène d’amour, mais là du joli et du chaud comme jamais tu n’en as entendu de si brûlante dans les différents théâtres entre M. Laferrière et Mme Doche : j’entends brûlante du côté de M. Reynier, car Mlle Irène ne répondait pas grand’chose, et pourtant par deux fois je crus deviner au son de sa voix qu’elle pleurait.

M. Reynier lui parlait de leur enfance, qu’il avait été penché sur son berceau, guettant son premier sourire, que sa mère était bonne et belle comme une sainte, et qu’elle regardait tout ça du haut des cieux avec bien de la tristesse, et qu’il avait ouï parler déjà de choses pareilles à celle qui se présentait.

À Rome et dans l’Italie, des pauvres jeunesses à qui les brigands et vampires jetaient le mauvais œil dont l’influence les conduisait au tombeau par la douleur des regrets les plus amers.

Je parie qu’il devait être à genoux et les mains jointes. Ça me remuait le cœur en grand à travers la porte.

Je songeais à mes propres palpitations, quand je te faisais la cour.

Et qu’il lui disait encore :

— Reviens à toi, ma bonne petite chérie ! Tu es une pauvre enfant malade et embobinée !

Si tu voulais seulement me dire de quoi tu m’accuses, mon Irène, je n’aurais qu’un mot à proférer