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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/112

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geur de l’impériale, interpellé à son tour, déclara se nommer J.-B. Schwartz, ce qui fit tressaillir un bon gaillard en bras de chemise qui avait apporté sur son épaule la valise de la jeune paysanne.

La diligence, ainsi recrutée, s’ébranla. J.-B. Schwartz enfonça sur ses oreilles un bonnet de coton tout neuf qu’il avait. Un baiser passa par la portière de la rotonde où la belle paysanne pleurait ; sur la route, les deux mains tendues de l’homme en bras de chemise tremblaient un adieu.

Il reste là un peu de temps, immobile. Quand le bruit des roues se fut étouffé au loin dans la poudre, il monta dans un tilbury qui l’attendait à l’autre bout du village.

« Allez, Black ! dit-il d’une voix ferme et triste. Nous retournons à l’écurie ! »


X

André à Julie.

2 juillet 1825.

Je t’ai promis de t’écrire souvent. J’ai passé quinze longs jours à me procurer une plume, de l’encre et du papier. Je suis au secret, dans la prison de Caen. Quand je me tiens à bout de bras à l’appui de ma croisée, je puis voir le haut des arbres du grand Cours et les peupliers qui bordent au loin les prairies de Louvigny. Tu aimais ces peupliers ; ils me parlent de toi.

Va, je ne suis pas si malheureux qu’ils le supposent.