— Je l’ai confié à ma femme.
— Pourquoi comptiez-vous de l’argent à cette heure et en ce lieu ?
— Parce que j’annonçais à ma femme que nous étions en état de quitter Caen pour monter une maison à Paris.
— D’où vous venait cet argent ?
— De mon commerce.
— Il y avait une somme très considérable ?
— Il y avait quatorze billets de cinq cents francs. »
Ici, une pause assez longue, pendant laquelle M. Roland prit lecture de la rédaction de son greffier.
« Vous étiez possesseur, poursuivit-il, d’un brassard d’acier damasquiné ? »
Le brassard était sur la table du greffe, avec plusieurs clefs et la mécanique de la caisse Bancelle.
« Le voici, dis-je en le désignant, je le reconnais.
— Ce brassard a servi à la perpétration d’un crime.
— Je l’ai su.
— Comment l’avez-vous su ?
— Je me trouvais par hasard à portée d’entendre une conversation qui a eu lieu chez mon voisin, le commissaire de police.
— Par hasard ? » répéta M. Roland.
Je répétai, moi aussi :
« Par hasard. »
Il me fit signe que je pouvais parler, si j’avais une explication à fournir. J’exposai la situation des lieux et leurs conditions acoustiques. J’ajoutai :
« C’est par suite de ce que j’entendis que l’idée me vint de mettre ma femme à l’abri.
— Votre conscience vous criait de prendre garde ?
— Ma conscience était tranquille, mais je voyais surgir des circonstances capables d’égarer la justice.