depuis du temps. J’ai été dénoncé, j’en suis sûr. Et je connais assez leur truc pour savoir qu’ils balayent toujours la route derrière eux… Ils m’ont envoyé un passe-port, c’est vrai, que le docteur m’a apporté dans sa poche sans le savoir… Ah ! pour habiles, ils sont habiles !… Et à propos, jeune homme, vous savez lire, vous !… Dites-moi, sans vous commander, quelle tournure j’ai là-dessus et comment je m’appelle. »
Il ouvrit sa chemise et mit un passe-port dans la main d’André.
André lut :
« Police générale. Passe-port à l’étranger, valable pour un an… Au nom du roi, nous, préfet de police, etc., etc… Antoine (Jean), marchand d’habits et colporteur, né à Paris, le 14 janvier 1801… »
« Diable ! fit Lambert, je n’ai que vingt-quatre ans là-dessus : c’est absurde !
— Taille : un mètre quatre-vingts centimètres, continua André.
« Cinq pieds cinq pouces ! dit Lambert. Ils sont fous ! »
Il avait trois bons pouces de moins que cela.
André poursuivait sa lecture :
« Cheveux bruns ; front haut ; sourcils bruns… »
« Ah çà ! tonnerre de Brest ! s’écria le cabaretier, ils savent pourtant bien que je tire sur le roux !
— Nez grand…
— Gros, plutôt !
— Bouche moyenne ; menton rond ; visage ovale ; teint clair…
— Et les signes particuliers ?…
— Néant. »
La robuste main du cabaretier caressa une balafre très apparente qu’il avait à la joue.