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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/182

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Menu, dit-il en tendant la bride à André qui sauta en selle. La marée est à neuf heures ; la barque sera là au bon de l’eau. Y a-t-il pour boire ? »

André lui jeta une pièce d’argent, et le paysan ôta son second bonnet en disant :

« Bon voyage, not’ maître ! »

Ce matin, les gendarmes à cheval galopèrent sur toutes les routes des environs de Caen. Ils ne trouvèrent rien, sinon les populations en deuil qui revenaient sans avoir vu la guillotine.

Bijou était un rude bidet. À neuf heures, il mangeait l’herbée au râtelier de Guillaume Menu, à Dives. Le vent d’amont soufflait toujours. Une barque de pêche courait déjà grand largue au delà des grèves, et gouvernait à ranger les rochers du Calvados. André s’asseyait à l’arrière ; il était là chez lui, parce qu’il avait demandé au patron de la barque : Fera-t-il jour demain ?


XIII

André à Julie.


Jersey, Saint-Hélier, 25 décembre 1825.

Bonne année, Julie, voici la Noël. Le petit a-t-il mis ses souliers dans la cheminée hier au soir ? Et quels joujoux Jésus lui a-t-il apportés ?

Moi, j’ai mes étrennes, Julie ; Noël m’a donné ce que je cherchais depuis si longtemps, un messager sûr qui te remettra le gros paquet de mes lettres. Je me tins à quatre, en quittant la France, au mois d’août dernier, pour ne pas confier mon journal de prisonnier au