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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/190

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côte de France. J’ai là toutes mes lettres sur mon cœur. Je les écris pour te les envoyer, mais ce serait te perdre. Les lettres ne valent rien ; elles amusent tout au plus mon angoisse. J’irai.

12 septembre. — Que Dieu soit avec moi, Julie, je pars. Dans quelques jours tu seras dans mes bras !

Oh ! que la mer est joyeusement belle ! Je pars, j’espère, je t’aime ! Voici la première heure que je vis depuis douze mois ?


XIV

En France.


C’était dans la seconde moitié du mois de septembre. L’aube se levait sur la place des Acacias, dont les tilleuls jaunis avaient déjà leur toilette d’automne. Un brouillard léger se jouait au ras du sol, et jetait comme une gaze au-devant du regard ; mais le ciel bleu, irisé de nuages nacrés, promettait une belle journée.

Toutes les maisons dormaient à l’entrée de la place solitaire. Parmi le crépuscule douteux, le père Bertrand allait éteignant les réverbères.

Il y avait un homme assis sur le dernier banc de la place des Acacias, à quelques pas de la dernière lanterne allumée. La tête de cet homme se cachait sous un large chapeau de paille et une balle de colporteur était auprès de lui.

« Eh ! l’ami, dit le père Bertrand, ça coûte moins cher ici qu’à l’auberge ? »

L’homme ne répondit point.