Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/20

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Et il ajouta en faisant mine de se lever :

« Pour or ni pour argent, monsieur Lecoq, je ne ferai jamais rien qui m’expose.

— Jean-Baptiste, répliqua le commis-voyageur d’un ton de supériorité, j’ai l’honneur de vous connaître comme ma propre poche. Écoute avant de refuser, garçon. C’est simple comme bonjour, et, outre les cent francs, on peut t’avoir une petite position chez Berthier et Cie.

— On ne donne pas cent francs pour un rendez-vous ! objecta l’Alsacien. Il y a autre chose.

— Si c’est la dame qui fait les frais ?… » insinua M. Lecoq en passant la main dans ses cheveux, qu’il avait abondants et fort beaux.

J.-B. Schwartz était de taille à comprendre ainsi l’amour, et cet argument le toucha au vif. M. Lecoq, battant le fer pendant qu’il était chaud, s’écria :

« N’essaye donc pas de raisonner sur des choses que tu ne connais pas, bonhomme ! Voilà l’affaire en deux mots : tu te noies, je te sauve, hé !… Maintenant, l’ordre et la marche : M. Schwartz le pâtissier ferme à neuf heures ; dès qu’il sera neuf heures et demie, tu n’auras donc plus à choisir : c’est chez M. Schwartz, le commissaire de police, qu’il te faudra demander à coucher dans le grenier.

— Mais il m’a éconduit ! interrompit notre Alsacien.

— Parbleu ! Inculquez-vous bien cette vérité : Aussi loin que peuvent s’étendre les limites de notre planète, sur la terre il n’est plus que moi qui s’intéresse à ta personne !

— C’est vrai, balbutia J.-B. Schwartz qui avait l’eau-de-vie larmoyante. Je suis seul ici-bas !…

— Triste exilé sur la terre étrangère. On pourrait citer une foule de textes mis en musique par les pre-