Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/240

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nut la place où il avait vu les mariés, mais il ne s’arrêta pas.

Il ne s’arrêta qu’à la place où il avait déjà parlé à Dieu.

Il regarda en face le crucifix et dit au-dedans de lui-même :

« Les hommes m’ont frappé innocent ; Dieu m’a brisé à l’heure où j’accomplissais la loi du pardon. Ce qui me reste du cœur est à l’enfant sans mère, mais ce qui me reste de force appartient à la vengeance. Je n’espère plus, je ne crois plus. L’enfant sera riche par moi ; par moi, l’assassin de mon bonheur sera puni, je le jure ! »

André partit de Paris ce jour-là.

Le surlendemain, à la brune, un homme pénétra dans le logis de Madeleine, la nourrice, et enleva l’enfant de Julie Maynotte.

André passa le détroit à la fin de cette même semaine et gagna Londres, la ville libre par excellence. Là, il était bien sûr de ne pas être inquiété.

André croyait qu’à Londres un ouvrier habile peut faire fortune. Pour accomplir le projet qui désormais était son but dans la vie, il fallait de l’argent. André se mit au travail avec ardeur.

Au bout du mois, il avait conquis une place de premier ordre dans le premier atelier du Strand. Tout allait bien. Un jour qu’il traversait la rue, il crut reconnaître, derrière les portières fermées d’un équipage, les vénérables cheveux blancs du colonel et les grands yeux de Mlle Fanchette, tout chargés d’étincelles.

Le lendemain de ce jour, au moment où il rentrait chez lui, un constable l’arrêta sur le pas de sa porte, au nom du roi.