pour s’écouter des poses nobles et marchait dans des souliers bavards qui criaient à chaque pas comme des lapins d’un sou.
« Je vais précisément dîner au château, disait-il. Le baron et moi nous sommes de vieux camarades, et je lui donne ma soirée du dimanche. Il n’a pas toujours roulé sur l’or, ce garçon-là.
— On dit qu’il a pêché ses premiers cent mille francs dans la bouteille au noir ! interrompit un natif de Vaujours, jaloux à la fois des millions du baron et de la faconde du passager bien couvert.
— On dit ça et ça, répliqua ce dernier.
— Ça quoi et ça qu’est-ce ? demanda aigrement le natif.
— Ça et ça, monsieur, je dis bien. Il y a un fait curieux et qui étonne le vulgaire. Moi, j’ai eu l’honneur d’appartenir à des assemblées délibérantes. Avec mille francs, vous m’entendez, avec mille pièces de vingt sous, M. Schwartz a gagné, à Paris, en quinze mois, quatre cent mille francs.
— Absurde ! dit l’indigène avec franchise.
— Permettez… si vous connaissiez l’art de grouper les chiffres…
— Je connais le commerce honnête !
— Permettez !… vous parlez à un ancien député… M. Cotentin de la Lourdeville… et vous parlez d’un capitaliste qui possède maintenant plus de vingt millions liquides…
— Et solides ? demanda insolemment le natif.
— Comme les tours de Notre-Dame. Voulez-vous que je vous explique ?…
— Le gain de quatre cents capitaux pour un en quinze mois ? Je veux bien.
— C’est simple comme bonjour. Prenez seulement la peine d’écouter. »