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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/285

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mie des nombres, nous concentrons au lieu de multiplier : par nos soins, les sous de cuivre, épars au fond de cent mille escarcelles, forment un seul pain qui se trouve être d’or.

Certaines alliances de mots ont une harmonie généreuse qui n’exclut pas toujours l’idée de profit. Le médecin des pauvres et l’avocat des pauvres sont des types que l’on peut examiner à différents points de vue, et le monde est plein de sceptiques qui supputent les bénéfices de la philanthropie. M. le baron Schwartz avait le bon goût de ne point renier ses débuts ; il se vantait volontiers d’avoir été le banquier des pauvres. Depuis longtemps, néanmoins, il n’en était plus à tirer vers soi en détail les économies des petites gens. Un élément étranger à la finance devait être dans ses rapports avec M. Mathieu, surnommé Trois-Pattes.

« Du nouveau ? » demanda-t-il en jouant l’indifférence.

Trois-Pattes fixait sur lui ses grands yeux immobiles, ombragés par l’épaisseur de sa chevelure emmêlée.

« Le colonel est au plus bas, répliqua-t-il.

— Bien vieux ! grommela M. Schwartz.

— J’ai pensé que monsieur le baron….

— En règle ! interrompit froidement le banquier. Affaire finie. »

Puis il ajouta :

« Occupé. Au galop !

— On pense, reprit Trois-Pattes, que le colonel ne passera pas la nuit.

— Comtesse à Paris ? » demanda M. Schwartz.

L’estropié fit un signe de tête affirmatif.

« M. Lecoq aussi ?

— Aussi.