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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/301

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« Et que m’importe tout cela ? » demanda-t-elle.

Mais il était trop tard. Ces interrogations répétées donnaient un démenti au calme du visage. Le coup avait porté.

Comment et pourquoi ?

Mme Schwartz, sans attendre, cette fois, la réponse, appela sur ses traits une expression de douce pitié pour dire à demi-voix :

« Pauvre enfant ! j’oubliais !… »

Ce qui, littéralement, signifiait :

« Elle divague ! ayons compassion ! »

Les yeux ardents d’Edmée, fixés sur ses yeux, semblaient maintenant lire un livre ouvert.

« Madame, reprit-elle doucement et avec toute sa tristesse revenue, quand j’entrai pour la première fois dans votre maison, j’étais presque un enfant et je faisais grande attention aux objets de toilette. Jamais je n’avais vu de femme si belle, si élégante, si riche ni si simple que vous. Il s’est trouvé que bientôt j’ai connu chaque pièce de votre parure habituelle aussi bien que si ces choses eussent été à moi. Les jeunes filles sont ainsi, les jeunes filles pauvres. Entre mille boutons de diamants j’aurais distingué les brillants superbes qui jamais ne quittent vos oreilles.

Ici, Edmée jeta un regard oblique vers le portrait. Mme Schwartz suivit ce regard et traduisit fidèlement la pensée qu’il exprimait en disant :

« Depuis la naissance de Blanche, époque à laquelle mon mari me fit ce présent, je n’ai jamais porté autre chose, même au bal.

— Je savais cela, madame, répliqua la jeune fille, et j’ai dû penser qu’il vous peinerait d’autant plus d’en être privée. »

Mme Schwartz ouvrit de grands yeux.