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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/319

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vriront l’horizon de l’avenir ! » répliqua sentencieusement Similor.

Échalot retira l’enfant de dessous son bras et approcha sa petite figure grimaçante et maigrotte des lèvres de son compagnon, qui lui donna un baiser distrait en disant :

« Il est bien mignon tout de même !

— Et à quel métier que tu gagnes de quoi lui ouvrir les portes de l’horizon, Amédée ? » demanda Échalot avec un soupir.

Amédée retira son bras et prit une pose pleine de fierté.

« Ma vieille, déclama-t-il, je me moquerais pas mal de m’aligner avec toi à n’importe quelle arme ou dans un jeu d’adresse. J’ai déjà eu des raisons aujourd’hui avec un officier de la marine, comme quoi nous nous retrouverons postérieurement au champ d’honneur ; mais je ne veux pas que tu m’accuses de feignant et mauvais sujet. Il y a des mystères plein le quartier ; ça n’est pas un crime de s’y faufiler dans une position précaire comme la mienne, avec un petit, sans feu ni lieu et l’ignorance où je suis de ma propre famille. J’ai donc réfléchi comme il suit ; je m’ai dit : Amédée, tu ne peux pas toujours être à charge à l’amitié de celui qui t’abrite sous son toit modeste. Faut percer ; tu as l’âge voulu. Alors, je pouvais monter une petite affaire comme la tienne, pas vrai, en concurrence ? Plutôt mourir que de faire du tort à un ami ! J’avais donc le choix entre M. Bruneau, la porte-cochère à côté, M. Lecoq, au premier, et les jeunes gens au quatrième, qu’on les entend parler de crimes à travers la cloison. Tous mystères ! M. Bruneau m’a dit de repasser. M. Lecoq a pris mon nom sur son grand polisson de registre où nous sommes déjà couchés, toi et