sous de bois mort ! Chez M. Schwartz, Michel ne manquait de rien, mais il ne voyait pas beaucoup plus d’argent monnayé qu’en Normandie. Son grenier était à cent lieues de la caisse.
Dans le faubourg Saint-Martin il s’assit sur le trottoir : sa fortune l’écrasait : quinze sous de bois mort pèsent gros, je vous prie de le croire, quand on les apporte de Montfermeil. Mais, bah ! Michel arriva rue de Provence en chantant, vers dix heures du soir.
Il y avait longtemps que la mode de Michel était passée chez le banquier ; cependant, on s’était inquiété de lui. Domergue avait dit : « Le petit n’est pas venu chercher son dîner. » Mme Schwartz, qui était presque aussi bonne que belle, demanda trois fois dans la soirée s’il était de retour, et M. Schwartz parla d’envoyer à la préfecture. Quand Michel rentra avec ses quinze sous de bois mort, le concierge appela, les domestiques vinrent dans la cour, ce fut un événement. Où avait-il volé ce fagot ? L’histoire du fagot monta jusqu’au salon. Mlle Blanche, qui avait sept ans, voulut voir le fagot. Au salon, le fagot eut beaucoup de succès. Michel avait grandi ; M. Schwartz eut peine à le reconnaître et Mme Schwartz le trouva charmant garçon. L’idée d’aller faire du bois à Montfermeil parut tout à fait originale.
« L’enfant a froid là-haut, dit Mme Schwartz, il faudra mettre un poêle dans sa chambre.
— Ah çà ! s’écria le banquier en éclatant de rire, pas de cheminée alors ? Impayable ! Allait mettre le feu à la maison, tout simplement. Comique ! »
Un mot vint aux lèvres de Michel ; mais il eut la force de l’arrêter au passage, et son grand secret resta en lui.