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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/377

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persécuteurs, elle s’accusa, elle expliqua. Oh ! la précieuse anecdote à mettre dans la Patrie, journal du soir ! Les voisines, c’est de la poudre fulminante ; l’attendrissement fit explosion ; les fusils se cachèrent tout honteux ; la garde nationale, émue, parla du prix Montyon, heureuse idée qui prévient les collectes, danger de l’enthousiasme, et le concierge dit :

« Aussi, ça m’étonnait : ces gens-là n’ont pas de quoi qu’on les vole ! »

Dans ces rassemblements de locataires, le concierge est la voix de la raison. Le concierge ajouta :

« N’empêche que le gamin fait ses charités avec le bois de M. le baron ! »

Car il était baron, M. Schwartz, baron depuis un mois.

Domergue parut, attiré par le bruit. Devant Domergue, l’éclat du concierge pâlissait, comme les étoiles s’éteignent quand l’astre du jour prend possession de l’horizon. En nommant M. Schwartz baron, le roi de Sardaigne avait augmenté d’autant l’importance de Domergue.

La simplicité va bien aux grands ; nous ne saurions exprimer le gré qu’on savait à Domergue de ne porter ni broderies, ni écharpe, ni décorations, ni plumet insolent à sa casquette. Sous l’austérité de sa livrée gris de fer, Domergue était un demi-dieu.

Protection oblige. Domergue aimait Michel sans trop se l’avouer à lui-même. Il s’exprima ainsi, accompagnant ses paroles d’un geste sobre et noble :

« Messieurs et dames, M. le baron et Mme la baronne ne veulent pas de tapage dans une maison bien tenue, jusqu’à l’époque de leur déménagement pour entrer en possession de l’hôtel, tout près dès lors et parachevé, mais duquel il faut laisser sécher les plâtres, toujours