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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/54

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cinquante mille francs les mille écus, pour les mille écus les vingt pièces de cent sous de M. Lecoq.

Hélas ! hélas ! le pot au lait dispersait encore une fois ses tessons dans l’ornière.

Et J.-B. Schwartz s’éveillait, le cœur serré, se disant : « Voici le jour qui vient ! Trois heures doivent être sonnées. M. Lecoq s’est moqué de moi ! »

Un bruit de roues et le galop d’un cheval ! J.-B. Schwartz se leva tout frémissant d’espoir. On entend de bien loin à ces heures solitaires où la campagne dort. Entre ce premier son et le moment où la silhouette d’une voiture apparut dans le gris, l’espérance de J.-B. Schwartz eut le temps de chanceler plus d’une fois, mais la voiture ne se montra pas plus tôt qu’elle était déjà sur lui. Elle allait un train d’enfer.

« Monte, Jean-Baptiste ! » dit une voix connue.

Une main vigoureuse le saisit en même temps par le gras du bras. C’est à peine si le petit Breton s’arrêta. J.-B. Schwartz, soulevé et s’aidant quelque peu, se trouva lancé comme un paquet au fond de la carriole, pendant que le fouet claquait gaillardement, et que Coquet, redoublant de vitesse, fuyait parmi des tourbillons de poussière.


V

Scrupules de J.-B. Schwartz.


La carriole traversa au grand galop le village d’Allemagne où tout dormait encore, puis M. Lecoq prit sur la gauche et s’engagea dans un chemin de traverse. Ils allèrent ainsi en silence pendant trois ou quatre minutes.