Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur sa trace, il la brava d’un sourire. C’était par derrière que venait le danger ; l’espace était devant lui, et il lui semblait désormais qu’il avait des ailes.


VIII

La fuite.


Au sommet de la côte suivante, André Maynotte se retourna encore ; il n’y avait plus sur le grand chemin que la poussière soulevée par sa propre course. Si loin que pût se porter le regard, rien ne se montrait. Les limiers, lancés à sa poursuite, étaient distancés déjà.

« Hardi, Black ! bon cheval ! »

Il venait parfois, en sortant de l’écurie, il venait jusqu’à la petite fenêtre de la resserre, et Julie, la belle créature, lui donnait du sucre et du pain. Julie faisait mieux, elle le caressait tout hennissant. Black était le cinquante-et-unième et le seul bien traité parmi les galants de Julie.

« Hardi, Black ! souviens-toi de cela ! »

On eût dit qu’il se souvenait, en effet, le noble animal. Sa course était douce et rapide comme un vol.

Elle s’éveillait dans un baiser, Julie, pâle et blanche comme un lis, mais si adorablement belle que le cœur d’André éclatait à la fois d’allégresse et de douleur. C’était affaire à Black de se conduire tout seul : André ne voyait plus que Julie.

Julie ouvrit les yeux et se dressa tout effarée. Elle ne se souvenait plus. Puis sa mémoire parla soudain ; elle poussa un cri.