réhabilitation : le nom de son mari, lavé de ces taches odieuses, exhumé de ce tombeau de honte, replacé enfin sur le piédestal où pendant toute une vie de prospérité loyale il avait mérité l’estime publique !
Edmée devint une délicieuse fille et une artiste habile. Nous savons par quel hasard enfantin sa vie modeste se trouva mêlée à l’opulente existence des Schwartz. Sans ce hasard, elle n’eût jamais percé l’enveloppe d’obscurité sous laquelle végètent à Paris tant de charmants talents. Ce fut donc un bonheur, mais ce fut un malheur aussi, parce qu’Edmée avait une âme ardente, sincère, dévouée et qu’elle aima notre héros Michel.
Certes, notre héros Michel le méritait bien. Il avait, lui aussi, le cœur dévoué, sincère, ardent, il valait beaucoup, mais rien ne valait Edmée.
Michel était d’un riche sang, doux, franc, brave ; il avait la poésie des forts, mais comment dire cela ? Sa poésie avait déteint comme font certaines couleurs dans une atmosphère viciée. M. Schwartz, qui n’était pas un homme mauvais, avait un entourage auquel il serait injuste d’appliquer une épithète directement outrageante. Patron et clientèle pouvaient être rangés dans ce monde de milieu, peuple affairé, effaré, militant à l’excès, à qui le besoin de jouer enlève toute personnalité et toute conscience. J’ai dit besoin de jouer, non pas de travailler, quoique leur jeu soit tout un travail. La poésie qui passe au travers de cette foule y perd ses ailes.
Edmée souffrait. Ce n’était peut-être pas tout à fait la faute de Michel. Il est tels secrets qui ne se peuvent confier, même à la femme aimée. Mais Edmée souffrait, et Michel ne le voyait pas assez.
Il allait, lui, notre héros, courant les aventures dans cette forêt enchantée de Paris. C’était en preux cheva-