Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/116

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« Qui est là ? demanda la vieille dame, demi éveillée dans la chambre voisine…

— C’est moi, répondit une voix mâle et douce.

— Ah ! fit Mme Leber, c’est vous ! elle a bien pleuré… ne soyez pas si longtemps sans revenir. »

Elle ajouta mentalement et croyant parler :

« Approchez-moi mon ouvrage. »

Mais le sommeil pesait de nouveau sur elle.

La tête charmante d’Edmée s’inclinait sur l’épaule de Michel, que nous tenons enfin, le volage et le fugitif ! Leurs lèvres se touchaient. Edmée ouvrit ses grands yeux languissants. Sa bouche pâle eut un vague sourire.

« Es-tu donc mort aussi ? murmura-t-elle en refermant les yeux. Je ne vois pas ma mère. Sommes-nous tous dans le ciel ? »

Michel la regarda, ébahi, puis il l’enleva dans ses bras, disant :

« On ne se marie pas dans le ciel, ma belle petite Edmée. Éveillez-vous, je suis vivant, je suis riche, je suis heureux. À quand notre noce ? »


XXV

Edmée et Michel.


Michel était à genoux devant Edmée qui tenait à pleines mains sa tête souriante. Les fiers cheveux bouclés qu’il avait ! la belle pâleur ! le viril regard ! Elle se penchait ; les chevelures mêlaient leurs nuances amies. Il y avait une adorable joie sur le front de la