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tu étais mon frère, au cas où il m’arriverait malheur, je te laisse ce dépôt qui est sacré : c’est la vie et l’honneur d’une femme. »


XXVII

Dernière affaire.


Notre récit a besoin de faire un pas en arrière.

Quelques heures avant la scène que nous venons de raconter, c’est-à-dire un peu après le tomber de la nuit, et vers le moment où Edmée Leber, soutenue par la fièvre, s’éloignait à grands pas du château de Boisrenaud, une gracieuse calèche arrêta le trot de ses chevaux devant la porte cochère de ce paisible hôtel, où nous sommes entrés une fois déjà, sur les pas de M. Lecoq, commis-voyageur de la maison Berthier et Cie, pour faire connaissance avec ce respectable vieillard qu’on appelait « le colonel, » et aussi avec Mlle Fanchette, la petite fille qui n’aimait pas Toulonnais-l’Amitié.

Nous parlons de longtemps. Ce fut le jour où J.-B. Schwartz, homme de quatre cent mille francs déjà, épousa en l’église Saint-Roch cette belle étrangère, dona Giovanna Maria Reni, des comtes Bozzo.

Malgré les ans, écoulés depuis lors, l’hôtel n’avait point changé d’apparence. C’était toujours ce grand bâtiment calme et froid, rappelant par son aspect certaines maisons du faubourg Saint-Germain, bâties vers la fin du dix-septième siècle.

La rue Thérèse, aux abords de l’hôtel, et sur une longueur de quarante à cinquante pas, cachait son pavé