Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/169

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cain ; et supposez qu’elle trahisse encore Vulcain, par habitude, ce sera au moins pour Mercure.

Encore un perfectionnement aux canons rayés, une plaque de plus aux blindages, deux perfectionnements, si vous voulez et deux plaques, dix plaques et dix perfectionnements, un canon électrique, tuant une division d’un seul coup, un revêtement magique à l’épreuve du tonnerre ! Est-ce impossible ? Tant mieux ! Demain, nous l’aurons. Et la guerre ayant dansé sa dernière gigue, nous passerons la revue de nos armées de diplomates.

M. Lecoq était un diplomate. Il avait fondé à Paris la première maison de renseignements. Parmi la cohue de ses imitateurs, son souvenir reste haut. Il est de l’histoire. Ce fut chez lui que se fournit Argus, quand l’âge eut mis sur ses cent yeux cinquante paires de besicles. Il n’était pas la police, mais la police achetait à bas bruit ses almanachs excellents.

Eussiez-vous souhaité plus de faste dans la maison d’un homme si considérable ? C’est la-bas un quartier riche, mais sans gêne et ombrageux. Le luxe l’offense. On y gagne beaucoup plus d’argent qu’on n’en dépense : c’est le contraire de la Chaussée-d’Antin : pour y faire des affaires, il n’est pas nécessaire de s’afficher en or.

Chaque pays a ses mœurs. Rue de Provence, il faut se ruiner pour manger du pain ; rue Saint-Martin, on met du foin dans ses vieilles bottes, et telle chrysalide commerciale, modeste, un peu sordide même, qui a végété vingt ans loin du soleil, s’élance un beau matin hors de sa coque sombre pour voler, effronté papillon, vers un splendide hôtel des Champs-Élysées, dont l’antichambre ne l’eût pas admise hier, et qui est aujourd’hui son palais. Demandez à ces victorieux si l’argent a de l’odeur !