Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/20

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— Un ouvrage qui s’adresse à mille grosses bourses seulement est une spéculation hasardeuse, ma chatte. Le théâtre tire à tout le monde : voilà le Pactole ! attention ! »

Il se renversa sur sa chaise et fourra ses mains dans ses poches. C’était signe d’oracle.

« Présent ! répondit Étienne qui salua militairement. L’entr’acte est fini : rentrons au théâtre.

— Je ne me donne pas la peine de chercher notre drame, poursuivit Maurice ; sais-tu pourquoi ?

— Non.

— Parce que je l’ai.

— Ah bah !

— Il est là : Cinq actes et un prologue.

— Dans le tiroir ?

— Dans la brochure que nous avons reçue hier soir par la poste.

— La cause célèbre ?

— Juste… Cet André Maynotte est un type.

— Magnifique !

— Et l’histoire du brassard donne un prologue…

— Éblouissant !

— Prends la craie.

— Voilà.

— Va au tableau.

— J’y suis. »

Étienne se planta devant la porte, prêt à exécuter les ordres ultérieurs de son chef de file, mais celui-ci rêvait.

« Qui diable nous a envoyé cet imprimé ? » murmura-t-il en ouvrant le tiroir de la table.

Il y prit une de ces petites brochures à deux sous, imprimées sur papier d’emballage, qu’on ne trouve plus guère dans nos rues, remplacées qu’elles sont par le