par souvenir, l’entreprise des bateaux-poste de l’Ourcq avait là un petit bureau à la devanture duquel on voyait le portrait de l’Aigle de Meaux no 2, traîné par un prodigieux attelage. Les maisons voisines étaient des guinguettes, et sur le terre-plein quelques baraques de saltimbanques s’élevaient.
À la place même où est l’entrée du cirque, et derrière les bâtiments de la Galiote, était l’embouchure étranglée de cette ruelle qui rejoignait, après d’innombrables détours, la rue du Faubourg-Saint-Martin. Cette ruelle avait mauvaise réputation ; on la nommait dans le quartier : Le Chemin des Amoureux.
L’entrée sombre et masquée par une porte de chantier sans battants, avait la nuit une lanterne jaunâtre où se lisait l’enseigne du café-estaminet de l’Épi-Scié avec cette mention, tracée en caractères provocants : On joue la poule. Au-dessus de la lanterne, on pouvait admirer, le jour, un tableau qui, ajoutant le rébus au calembour, montrait un gigantesque épi scié par une faucille colossale et rectifiait ainsi l’orthographe de la chose : au café-estaminet de l’Épicier.
Sur une longueur de cinquante à soixante pas, la ruelle, fangeuse et bordée de masures impossibles, s’enfonçait parallèlement à la rue Ménilmontant. Elle rencontrait là le café-estaminet, monument d’une entière laideur, mais assez considérable et qui avait dû être usine autrefois. La ruelle le contournait, et lui servant deux fois d’avenue, au midi et à l’ouest, poursuivait sa course, perpendiculaire à elle-même, vers la rue de Crussol. Elle coupait la rue de Crussol, puis le passage des Deux-Boules, et s’engageait entre les chantiers occupant l’emplacement de l’ancien prieuré de Malte, derrière les bâtiments du Gaz parisien. Un instant, elle s’appelait ici la rue du Haut-Moulin, puis,