Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fons, je trouve ici notre idée du fils adultérin ! C’est tout uniment monumental ! »

Maurice bâilla et quitta son siège.

« Bien ! bien ! va te coucher, mon vieux, reprit Étienne. Ce n’est pas au théâtre que la fortune vient en dormant. Moi, je me sens en verve. Ah ! si, au lieu de toi, j’avais Michel ! »

Le joli blond s’était dirigé vers la fenêtre. Il secoua la tête et murmura :

« Je ne sais pas comme j’aime Michel ! »

Étienne laissa un instant ses papiers en repos pour regarder Maurice. Celui-ci avait le dos tourné et la figure contre les carreaux. De l’autre côté de la cour, la croisée qui faisait face était toujours éclairée, mais plus faiblement. La malade ne travaillait plus, et quand les pauvres ne travaillent plus, ils baissent leur lampe. Maurice crut distinguer, dans cette demi-obscurité, une forme de jeune fille agenouillée près du lit.

« Depuis jeudi, Michel m’inquiète, dit-il avec tristesse.

— Moi, il y a plus longtemps que cela, » repartit aigrement Étienne.

Dans la chambre en face, la forme agenouillée se redressa. Maurice reprit :

« Nous dormons quand il rentre…

— Et il se sauve avant le jour, l’interrompit Étienne. Je désire me tromper, mais toutes ces cachotteries-là n’ont pas bonne odeur. »

La lampe des voisines s’éteignit tout à fait. Maurice dit avec un profond soupir :

« Et cette pauvre jeune fille, Mlle Leber, est bien pâle !

— Il n’y a pas au boulevard, professa chaleureusement Étienne, un masque aussi puissant, aussi