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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/361

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pâleur de ses traits changeait de ton et un cercle profond s’estompait au-dessous de ses yeux.

« Vous lui aviez dit, prononça-t-il à voix basse : « Il n’y a au monde que toi pour moi. La toute-puissance de Dieu elle-même ne pourrait me donner à un autre qu’à toi… »

Elle se leva toute droite, du fond de son affaissement. Sa beauté voilée se ralluma comme un incendie. Elle fit un pas ; toute son âme était dans ses yeux.

Mais son regard se choqua contre ce masque morne, plus inerte qu’une pierre. Une médaille, effacée par le travail des siècles, garde, du moins, quelques traces frustes qui trahissent pour la science son âge et son origine.

Ici, rien.

Comment cet homme savait-il ? Julie dévorait l’énigme insoluble.

C’était une lionne. Son sein battait superbement ; le sang, rappelé avec violence, brûlait d’un rouge vif les contours de sa joue ; ses cheveux, dénoués par un de ces robustes mouvements qui échappent à la passion, ondoyaient en tumulte sur sa gorge et sur ses épaules. Elle cherchait. Depuis que les savants cherchent, il n’y eut jamais dans la science de regard si puissant que le sien.

Mais jamais, non plus, jamais, devant un regard, il n’y eut de médaille plus muette.

Rien. Nulle trace. André avait-il raconté à ce bizarre confident les intimes secrets de sa torture ?

Les fenêtres de la chambre à coucher donnaient sur la cour, où, depuis longtemps, le va-et-vient des voitures avait cessé. Un son d’orgue arrivait par l’une des croisées entr’ouvertes. Quand l’orgue se tut, une voix éclata, criant :