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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/367

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bons vivants. Si vous les voyez en colère, dites-vous bien que leur affaire est faite.

En sa vie, M. le baron Schwartz avait eu peu d’occasions de recourir à la violence ; il n’était pas méchant, et cependant ses rares colères s’étaient passées sur plus faibles que lui, sauf un ou deux cas où il avait payé très honnêtement de sa personne. On savait cela dans, le monde où il vivait, et son courage avait encore été pour lui une bonne affaire.

Ceux qui le connaissaient bien avaient pensé de tout temps que si on l’attaquait jamais dans l’amour qu’il portait à sa femme, M. Schwartz deviendrait un homme terrible.

Depuis quelques jours, M. le baron Schwartz vivait de fièvre. Ses craintes comme ses espoirs participaient à cet état nouveau pour lui, car la fièvre dont nous parlons n’était plus cette simple accélération du pouls qui accompagne le travail quotidien du million et qui tue lentement, comme l’opium ou l’absinthe : c’était une fièvre profonde, douloureuse, capable de détraquer cet instrument de précision qui était son cerveau, capable de l’arracher au calcul pour le lancer dans les aventures

Il en était à faire fond sur ce roman usé jusqu’à la corde, et qui se présentait néanmoins dans des conditions originales de vraisemblance et de réussite : l’existence d’un petit-fils de Louis XVI. M. Lecoq le tenait, comme cette main de fer, magie des modernes industries, qui emprisonnait les voleurs, essayant de forcer les fameuses caisses à secret de la maison Berthier et Cie.

M. Schwartz avait violé la fortune. Et, à un certain moment, quand le triomphe n’était même plus douteux, ce démoniaque mécanisme avait joué : M. Lecoq !