Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il avait droit, tel était le cri de son absolu repentir.

Il était juste. Ce qui l’étonnait, c’était l’extravagance de son rêve. Ses remords ameutés étouffaient violemment cet espoir, qui tout à l’heure éblouissait sa pensée.

André avait dit : Secourez votre mari. Elle n’eut pas d’autre soin. Elle alla jusqu’au baron et souleva sa tête, qu’elle mit sur ses genoux.

C’était son mari. Contre la double consécration de la religion et de la loi, elle se fût peut-être révoltée. Mais André l’avait dit : c’était son mari.

André avait droit. Il était le seul magistrat et le seul prêtre.

Elle n’avait plus de larmes. Elle regardait cette tête livide du père de sa fille, sans haine et sans amour. Quand il rouvrit les yeux, elle essaya de lui sourire.

C’était un coup de massue qui avait écrasé ce malheureux homme. En la voyant sourire, il crut rêver ; elle lui dit :

« Le moyen de vous venger, le voici : André Maynotte et Julie Maynotte, qui était sa femme, sont deux condamnés. Dénoncez-les à la justice. »

Elle était assise par terre, avec sa merveilleuse beauté. On voit de ces groupes, après les bals de l’Opéra, dans la lassitude de l’orgie. Justement, l’orchestre s’en donnait à cœur joie : c’était le bon moment de la fête.

Le baron, affaissé sur le tapis, l’avait écoutée avec une attention stupide. Il cacha son visage dans les plis soyeux de la robe, comme font les enfants jouant avec leur mère.

Et ils restèrent ainsi.

Le rez-de-chaussée de l’hôtel Schwartz, auquel on