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Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/125

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LES NUITS DE PARIS.

Et comme un mouvement se faisait parmi l’entourage de César, il s’interrompit tranquillement pour ajouter :

— Je n’ai pas l’intention de tuer, mais si un seul de ces valets fait un pas, malheur à toi !

Ce barbare appelait valets les aides de camp de César !

— Ne bougez pas, equites ! dit César en riant ou mon ami Gaulois va se fâcher.

Alarix soupesa sa hache :

— Écoute, reprit-il, — tu es le meilleur et le plus brave des Romains… Rends grâce à mes dieux, qui m’ont appris à ne jamais frapper ailleurs que sur un champ de bataille…

— Jules César ! ajouta-t-il en brandissant sa hache cette fois ; — Jules César ! tu as là une couronne de laurier pour cacher la peau nue de ton front, je n’en veux qu’à ta couronne… vois si tu étais à moi…

La hache partit en sifflant.

Les couronnes de laurier dépassaient le niveau du crâne et leur courbe élégante laissait un vide au-dessus du front.

Un vide où passer le doigt.

Le bout de la hache d’Alarix trancha la tige de laurier sans toucher le front de César.

Et la couronne tomba sur le gazon.

César porta la main à sa tête dépouillée.

Il murmura :

— Mon cher gendre, Cneius Pompeius Magnus, aurait visé un peu plus bas !…

Cependant, chevaliers, patrices, soldats et esclaves s’étaient élancés sur le Parise, dès que celui-ci s’était dessaisi de sa hache redoutable.

Le Parise avait trois javelines.

Un patrice et deux chevaliers romains tombèrent.

Lui, le guerrier parise, franchissant en quelques bonds prodi