Quand tu n’aimeras plus Gliclla, viens à Rome où je retourne… Là, demande la maîtresse de César.
— César ne change donc pas, lui ? fit Ar-Bel en souriant.
— Quand César changera, je mourrai, dit Mysœïs d’un ton ferme et triste. — Ne compare pas, enfant, l’amour d’un Dieu à l’amour des hommes.
Le cheval piaffait dans la cour.
— Adieu, Mysœïs, dit Ar-Bel.
— Tu ne me demandes rien, dit-elle, à moi qui voudrais tout te donner ?
Ar-Bel hésita.
— J’ai un ennemi, répliqua-t-il enfin, — un guerrier romain du nom de Corvinus, qui convoite la beauté de Ghella… Si je mourais… ou si j’étais trop loin pour protéger Ghella…
— Je la protégerais, moi ! interrompit la belle Grecque.
— Adieu, Mysœïs, répéta Ar-Bel ; — je crois en toi… et je t’aimerais, si j’avais deux cœurs !
Il s’enfuit.
Mysϕs demeura pensive.
Puis elle dit à Ilium :
— Va me chercher le centarque Corvinus.
De l’autre côté de la cloison se passait une scène que nous ne rapporterons pas en détail, parce qu’elle ressemblait trait pour trait à celle qui précède.
Priscille Œlian était aux prises avec la petite Ghella, qui était bien, pour le moins, trois fois plus farouche qu’Ar-Bel.
Cependant l’affranchi était un peu plus obstiné que Mysœïs. Il fit de l’éloquence, et traça, pour la Gauloise, qui n’écoutait guère, un tableau très-séduisant de Rome civilisée.