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Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/36

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xxvi
INTRODUCTION.

Pendant que je rêvais, on avait mis le feu aux lampions, aux verres de couleur, aux becs de gaz, et Paris sortait une seconde fois de ses ténèbres.

Vues de Montmartre, les illuminations de Paris n’éblouissent pas beaucoup le regard ; mais les réverbères, espacés symétriquement, tracent des lignes, et, avec un peu de bonne volonté, les lampions aidant, on peut reconstruire le plan complet de la grande cité.

C’est alors Paris la nuit dans toute la force du terme.

De grandes flaques noires, coupées par des lignes faiblement lumineuses, — quelques points brillants sur le fond sombre. — Quant au contour général et géographique, l’œil le cherche en vain, mais l’esprit le devine.

Et, au bout de quelques minutes d’attention, tout cet ensemble se dessine ; les formes vagues prennent un corps arrêté ; les divisions principales de Paris se montrent…

Pas beaucoup, répétons-le. Paris la nuit, vu d’ensemble, est toujours un colosse fort mystérieux.

Mais est-il besoin de toucher au doigt les choses ? Thomas fut puni pour son incrédulité et messieurs de l’Observatoire parlent de la lune comme s’ils y passaient annuellement leurs vacances.

D’ailleurs, comment faire ? aller de boulevard en boulevard et regarder Paris pièce à pièce, comme un pleutre ? Courir de la porte Saint-Martin à la montagne Sainte-Geneviève, et de l’Odéon au Garde-meuble, — les pieds dans la boue, — ou l’âme et le corps dans cette boîte ignominieuse que l’on appelle un fiacre ?

Jamais ! Les choses vues ainsi d’en bas perdent leur prix. Nous aimons mieux voir un peu moins et voir d’en haut.


XVI.

Du pied du télégraphe, la seule ligne qui soit marquée éner