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Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/77

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lxvii
INTRODUCTION.

Il la trouva mignonne à croquer ; et depuis cet instant, tout en grattant son papier de coquin, il songea aux moyens d’en avoir le cœur net.

Bastien était trop amoureux pour ne pas voir tout ce qui se passait autour de Minette. Dès le premier jour, il avait deviné en frémissant les intentions du grand et gros procureur.

Mais Bastien n’avait pas la bosse des combats. C’était un adolescent paisible. Un véritable enfant de chœur monté en graine.

L’idée ne lui vint même pas d’attendre le damné procureur au coin de la rue des Deux-Écus, et de lui casser sa vilaine tête laineuse d’un coup de trique.

Ce garçon-là manquait d’imagination.

Mais, sarpejeu ! si le vieux Dominé, tout bedeau qu’il était, avait su de quoi il retournait, c’eût été une autre histoire !

Dominé avait été un peu guisard dans sa jeunesse ; il avait aidé à pendre ce parpaillot d’Henri IV (en effigie) au marché à la viande ; il savait manier l’arquebuse aussi bien qu’un soldat du roi.

Bastien se disait toujours :

— J’en préviendrai maître Dominé.

Mais c’était tout.

Quant à Minette, la jolie fille, elle riait au nez du procureur, sans façon et sans malice.

Elle allait son chemin dans la vie, heureuse, simplette, ne connaissant point les soucis.

Une vraie fillette parisienne.

Le petit chaperon rouge, — la veille du jour où le compère le loup le mangea !


XXXIV.

On était à refaire la grand’porte de l’église Saint-Eustache qui donnait sur la rue Trainée. L’église se trouvait momentanément