Page:Féval - Les contes de nos pères, 1845.djvu/11

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Vers la fin de l’année 1790, Armand de Thélouars, capitaine aux gardes françaises, épousa par amour Henrietle-Élise de Lanno-Carhoët, nièce de M. de Carhoët, baron de Saulnes, qui s’en était allé mourir en Amérique pour défendre les marchands du nouveau monde contre les marchands de l’ancien : bataille où, par parenthèse, une noble épée comme la sienne n’avait que faire ; mais c’était la mode alors, et cette guerre, à tout prendre, devait immortaliser le cheval blanc de M. de Lafayette.

Henriette était belle de visage et plus belle encore de cœur. C’était une de ces simples et pures filles de Bretagne, qui aiment et se dévouent sans faste, par nature, comme les autres vivent et respirent. Son mari l’appréciait à sa valeur, et la chérissait tendrement. Elle n’avait plus de famille depuis la mort du baron de Saulnes, son oncle, qui l’avait élevée. Le seul parent qui lui restât était M. le marquis de Graives, austère vieillard, qui vivait fort retiré en son manoir, et que Henriette connaissait à peine. Les deux