Aller au contenu

Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veuve. Si vous parlez latin, je ne vous comprends plus.

— Excellente femme ! murmura la marquise.

— Magnifique peuple ! soupira M. de Saint-Louis.

— Il y a donc, reprit maman Léo, en vous demandant bien pardon de ce qui vient de m’échapper, que je voulais la prêcher comme vous me l’aviez ordonné et que je ne savais pas par où commencer mon sermon. Elle était si gentille entre mes bras ! Je perdais mon temps à l’admirer, comme un vieil enfant que je suis, et je me disais : Si Dieu avait voulu, comme ils seraient heureux !

Et vous pensez bien que ça m’a ramenée à mon ouvrage, car il faut que Dieu le veuille, pas vrai ? il faut qu’ils soient heureux.

J’ai donc pris la chose de longueur, disant que la liberté est le premier de tous les biens sur la terre et que si on laisse les juges faire leur boniment, numéroter leurs paperasses, entortiller leur jury, bernique ! le diable lui-même ne peut pas y revenir.

Et tous les exemples à l’appui, qui sont nombreux et où je n’avais qu’à choisir.

Elle m’écoutait en fixant sur moi ses grands yeux mouillés.

Elle répétait toujours : « Il est innocent, il est innocent ! »

— Parbleure ! ai-je fait, Jésus aussi était innocent, et il a été pas moins crucifié entre les deux larrons.

— Bonne âme ! dit encore la marquise sincèrement émue.

Et M. de Saint-Louis :