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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/167

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mécanique du Fera-t-il jour demain saute, elle sautera et moi avec, c’est décidé. Vous, regardez bien où vous mettrez le pied ! ils sont malins, ouvrez l’œil, bonsoir !

Sa pipe était allumée, il tourna le dos et redescendit la rue lentement.

La veuve, qui était restée tout étourdie, gagna la station en essayant de remettre de l’ordre parmi ses pensées !

Au moment où elle s’asseyait dans la voiture en partance, elle vit passer au grand trot l’équipage qui emportait Mme la marquise d’Ornans et le colonel.

Ce fut longtemps seulement après le départ de l’omnibus, et quand la confusion de son esprit fut un peu calmée, qu’elle songea au papier qui avait été glissé dans sa main par Valentine.

Elle prit le papier, qu’elle déplia, et se rapprocha du fond de l’omnibus, où la lumière de la lanterne lui permit de lire.

Le papier ne contenait que ces mots :

« Vous demanderez au juge d’instruction, qui vous l’accordera, la permission d’amener avec vous votre fils pour rendre visite à Maurice. »

Maman Léo crut avoir mal lu et se demanda dans l’excès de sa surprise si quelque chose n’était point dérangé au fond de sa cervelle. Elle se frotta les yeux et lut de nouveau.

— Mon fils, dit-elle ; il y a bien « mon fils. » Ces gens-là diraient-ils vrai ? et la pauvre chère créature aurait-elle un coup de marteau ? Je n’ai pas d’autre fils que Maurice, et je ne peux pas mener Maurice rendre visite à Maurice !

Elle quitta la voiture à la station de l’église Saint-Laurent et descendit à pied le