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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/173

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ment sans gêne ; il y avait de la soie et de l’indienne, des chapeaux flambants et des bonnets sales.

Quelques-unes étaient jeunes et jolies, malgré l’effronterie uniforme qui déparait ici tous les visages ; mais la plupart avaient derrière elles tout un long passé de cabrioles, et la série des aventures qui les avaient plongées de chutes en décadences jusqu’à ces ténébreuses profondeurs, était écrite sur leurs fronts en lisibles caractères.

Peut-être y a-t-il dans Paris des caves plus profondes encore, car nous aurions pu reconnaître, dans le groupe présidé par Piquepuce, un brave garçon à la laideur naïve et vaniteuse, coiffant ses cheveux jaunes d’un chapeau gris pelé qui semblait être là en cérémonie, comme un petit bourgeois qu’on introduisait par hasard dans le plus pur salon du faubourg Saint-Germain.

Amédée Similor, entraîné par sa nature frivole et son goût pour les plaisirs, oubliait ainsi ses devoirs de famille. Il avait réussi à se faufiler dans ce grand monde, où il se tenait sur la réserve, choisissant ses paroles avec soin et ne se départant jamais des règles du beau langage.

Les deux rougeaudes de l’établissement Samayoux l’avaient abandonné, sans doute, ou bien il les avait lâchées, car nous le retrouvons lancé dans une nouvelle intrigue d’amour avec une énorme gaillarde qui n’avait qu’un bras et qui portait un emplâtre sur l’œil.

— J’en ai tous les brevets, lui disait-il, depuis ma plus tendre jeunesse : danse des salons, pointe, contre-pointe et caractères, dont M. Piquepuce, par suite de nos rela-