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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/180

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éteint partout ; la flamme du punch seule éclairait de ses lueurs livides toutes ces faces de bandits, anxieuses et sombres.


XIX

Les conjurés


À l’étage supérieur, autour d’un autre bol de punch, les quatre voiles, comme la reine Lampion les appelait, étaient réunis.

Chacun d’eux avait encore devant soi sur la table le carré de soie noire qui naguère couvrait son visage.

Les verres étaient remplis, mais nul n’y avait encore porté les lèvres.

Ils étaient tous les quatre de notre vieille connaissance et nous les nommerons par rang d’âge ; M. de Saint-Louis, le médecin Samuel, le docteur en droit Portal-Girard et M. Lecoq dans son costume de Toulonnais-l’Amitié.

Le confessionnal était exactement tel que nous le vîmes, le soir où fut réglée la lugubre comédie qui se termina par l’assassinat de Hans Spiegel dans son garni de la rue de l’Oratoire, et par l’arrestation de Maurice Pagès à l’hôtel d’Ornans.

Au moment où nous entrons, nos quatre compagnons avaient dû causer déjà de leurs affaires, car la discussion était fort animée.

La présidence semblait appartenir au prince, mais Portal-Girard tenait le haut bout comme orateur, et M. Lecoq, contre son habitude, affectait une sorte de modération indifférente.

Le docteur Samuel, encore plus calme, se bornait à juger les coups.