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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/227

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gages, il répondait : « Marauds, ne voyez-vous point ces quatre rues qui aboutissent à l’hôtel d’Angoulême ? Vous êtes en bon lieu, profitez des passants. »

Ce fut pourtant dans la chambre à coucher de ce brillant coquin que naquit l’austère avocat de Louis XVI, M. de Malesherbes.

Je voyais enfin les pignons confus, bizarrement pittoresques et toujours charmants malgré leur destination lugubre, de ces deux palais jumeaux, l’hôtel de Caumont et l’hôtel de Brienne, qui étaient devenus prison après avoir abrité tant d’élégances et tant de joies.

J’étais voisin de la Force, et ceci n’est pas tout à fait une digression oiseuse, car c’est à la Force que nous allons retrouver un de nos meilleurs amis, le lieutenant Maurice Pagès.

La barre qui me servait de balcon dominait les deux seigneuriales demeures qui, depuis l’an 1780, remplaçaient le Fort-l’Évêque et le Petit-Châtelet. Par-dessus le préau, dit la cour de Vit-au-Lait, parce qu’elle était jadis habitée seulement par les détenus condamnés pour n’avoir point payé les mois de nourrices de leurs enfants, j’apercevais le profil des trois grands salons où le père de M. le duc de Lauzun donnait à danser, ainsi que l’œil-de-bœuf de l’hôtel de Brienne qui, par une matinée de septembre, montra pour la dernière fois le soleil des vivants à la malheureuse princesse de Lamballe.

Immédiatement au-dessous de ma lucarne était un mur tout neuf et qui semblait ne servir à rien.

On l’avait bâti à la suite de plusieurs évasions hardies qui avaient eu lieu par