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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/237

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te du colonel, et maman Léo resta seule avec son prétendu fils.

— Ah ! chérie, s’écria-t-elle, je t’ai cherchée au palais et partout le long du chemin. Je regardais par la portière de la voiture, car j’avais deviné ton idée rapport à ce que tu m’avais dit qu’on avait déjà renvoyé un garçon pour t’avoir introduite dans la prison de Maurice. Va-t-il être content !… et fâché aussi, car tu n’as plus tes cheveux, tes beaux cheveux qu’il aimait tant !

— Mes cheveux repousseront, dit Valentine en souriant.

— C’est égal, faut que tu l’aimes crânement ; car il n’y avait pas dans tout Paris une pareille perruque !… C’est le Marchef qui t’a aidée ?

— Oui… et c’est lui qui m’a donné la carte du colonel.

— Celui-là me fait peur, tu sais, le Marchef, quoiqu’il y a sur son compte des histoires à gagner le prix Montyon.

— Bonne Léo, dit Valentine, mes craintes sont plus grandes encore que les vôtres, car le dévouement de cet homme est inexplicable pour moi, et de plus, je ne comprends pas l’autorité qu’il exerce dans la maison du docteur Samuel. Je vous l’ai déjà dit, et cette pensée se fortifie en moi : Coyatier, dans tout ce qu’il fait pour nous, est soutenu par quelqu’un de plus puissant que lui. Est-ce nous qu’il sert ou bien ce quelqu’un-là ? Et nous-mêmes, ne sommes-nous pas un instrument aveugle entre les mains de celui qui nous dirige lentement mais sûrement vers l’abîme ?

— Si tu crois cela…, commença la dompteuse.