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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/239

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long que tout le monde, et vous m’auriez peut-être dit des choses qui auraient dérangé mon instruction. Non pas que je ne sois toujours prêt à accueillir la vérité, c’est mon état, mais enfin vous n’avez pas reçu l’éducation nécessaire pour comprendre ce que je pourrais vous dire de concluant à cet égard : trop parler nuit. Vous voulez un permis pour visiter le lieutenant Pagès, vous êtes parfaitement appuyée, je vais vous donner votre permis. »

Tout ça d’une lampée et sans reprendre haleine. Ah ! quel robinet !

Pendant qu’il cherchait son papier imprimé pour le remplir, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai dit avec ma grosse voix :

— Le lieutenant Pagès est innocent comme l’enfant qui vient de naître. Il y a des brigands dans Paris qui sont associés comme les anciens élèves de Sainte-Barbe ou de la Polytechnique ; si monsieur le juge voulait m’écouter, je lui fournirais de fiers renseignements sur les Habits-Noirs ?

— Vous avez fait cela ! s’écria Valentine avec inquiétude.

— N’aie pas peur, répartit maman Léo, celui-là n’en mange pas ; il est bien trop simple et trop bavard. Il s’est mis à rire d’un air méprisant et m’a dit :

« Les classes peu éclairées ont besoin de croire à quelque chose qui ressemble au diable ; je connais cette bourde des Habits-Noirs comme si je l’avais inventée, et je sais qu’à force de courir après des fantômes, mon infortuné prédécesseur, qui n’était pas un homme sans mérite du reste, avait fini par devenir fou à lier. Est-ce que le lieutenant Pagès était vraiment fort sur le trapèze ? Je suis amateur. Si vous aviez