et pourtant il ne songeait point à l’accuser d’oubli.
Il n’attendait plus d’autre visite que la sienne, parce que l’employé qui avait ouvert une fois la porte de sa prison à Valentine avait été congédié.
Quand il vit entrer la dompteuse, et d’abord il ne vit qu’elle, sa première parole fut celle-ci :
— Pauvre maman ! je parie que vous avez été malade ?
La veuve vint à lui impétueusement et les bras ouverts ; il ne put répondre à ce geste à cause des liens qui retenaient ses poignets.
La veuve le serra contre son cœur en pleurant et en balbutiant.
— Maurice ! mon chéri de Maurice ! comme te voilà changé ! comme tu as dû souffrir !
Elle avait oublié Valentine, que sa large carrure cachait aux yeux du prisonnier.
— Je ne souffrirai pas bien longtemps désormais, reprit celui-ci ; embrassez-moi encore, maman Léo, et puis nous parlerons d’elle, n’est-ce pas ? j’ai grand besoin de parler d’elle.
— Mais elle est là, dit la bonne femme à voix basse ; elle est avec moi.
Maurice la repoussa d’un mouvement si brusque qu’elle faillit tomber à la renverse, malgré sa vigueur.
— Saquédié ! dit-elle toute contente, tu as encore de la force, mon cadet !
Maurice s’était levé à demi ; ses yeux se fixaient sur Valentine, qui était debout et immobile au milieu de la chambre.
Son premier regard hésita à la reconnaître sous le déguisement qu’elle avait pris.