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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/286

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bonne volonté vous manque peut-être un peu ; néanmoins j’aime à croire que votre silence, qui est en soi fort extraordinaire, n’indique pas que vous ayez rien fait contre votre conscience de juge.

Sur le carré il me demanda :

— Votre maître n’a-t-il point parlé de toute la nuit ?… Mais vous ne me répondrez pas plus que lui. Allons, mon bonhomme, à vous revoir ! Tout cela est fort extraordinaire, mais j’en ai débrouillé bien d’autres, et en thèse générale, les interrogatoires ne servent à rien. C’était un garçon fort instruit, assez capable et surtout terriblement protégé ! Maintenant le voilà qui fait de la place aux autres, mon avis est qu’il ne l’a pas tout à fait volé.

Je m’entendis appeler comme je refermais la porte.

— Dépêchons, Germain, dépêchons, me dit mon maître qui faisait effort pour se relever, je n’ai pas fini. Tout ce que je demande à Dieu, c’est qu’il me donne le temps de finir.

Je l’aidai encore à se mettre sur son séant, et il reprit sa tâche, qui devenait à chaque instant plus difficile.

Sa figure changeait à vue d’œil, ses tempes étaient baignées d’une sueur froide.

Au moment même où il achevait, on sonna pour la troisième et dernière fois.

— Tu lui remettras ceci, me dit-il en pliant le papier, à elle, à elle seule, tu me comprends bien, et tu lui diras ce que m’a coûté ce suprême travail. Va ouvrir, c’est la prière qui vient.

Les yeux de son corps allaient se voilant, mais il avait cette autre vue qui perce les murailles. C’était la prière. Le vieux curé Desgenettes entra et lui donna