Aller au contenu

Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colonel m’attend : je devais partir pour l’île de Corse, où est notre refuge, tout de suite après le meurtre de Hans Spiegel, pour lequel votre Maurice va être condamné ; on avait surpris mes accointances avec M. d’Arx, et je pense bien qu’on devait se défaire de moi au couvent de la Merci. Au lieu de cela, j’ai reçu contre-ordre le jour même de mon départ, qui était le jour où vous fûtes amenée à la maison du docteur Samuel. On me déguisa en malade et je fus mis à l’infirmerie, tout cela parce qu’on avait besoin de moi pour vous et pour Maurice, qui étiez alors les deux seules créatures humaines possédant le secret des Habits-Noirs. Maintenant il y en a trois autres qui sont dans le même cas que vous : Maman Léo, le vieux Germain et moi. Allez, on vous écoute !


XXXII

Le cœur de Valentine


Les sourcils de Valentine étaient froncés par l’effort de son travail mental.

— Vous êtes condamné comme nous, dit-elle, et vous ne l’ignorez pas.

— Je suis toujours condamné, répondit Coyatier, mais je me rachète toujours. Le Père se connaît en hommes ; ça ne l’embarrasserait pas de remplacer son Louis XVII ou n’importe lequel des membres de son conseil, mais il sait bien qu’il ne trouverait pas un autre Marchef.

— Vous avez peur de lui ? murmura la jeune fille.

— Ça, c’est bien sûr, dit le bandit, et il faudrait être fou pour n’avoir pas peur de lui.