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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/306

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Les yeux de Valentine brillaient d’un sombre éclat.

— Dites les deux mots, fit Coyatier, dont les prunelles avaient comme un reflet de cette flamme.

— Qu’ils meurent ! prononça Valentine d’une voix basse mais distincte.

— Eh ! eh ! la Corsesse ! s’écria Coyatier presque joyeusement, vous n’y allez pas par quatre chemins, vous !

— Tous d’un seul coup ! ajouta Valentine avec un calme extraordinaire. Sang pour sang ! je les condamne à mort, moi, la fille et la sœur de ceux qu’ils ont assassinés !

Il y avait une franche admiration dans les yeux du bandit.

— Va bien ! fit-il, tonnerre ! quelle luronne ! vous haïssez comme il faut, dites donc, la belle enfant ! c’est dommage qu’il n’y a pas dans tout cela un seul mot pour le lieutenant prisonnier.

Le regard de la jeune fille ne se baissa point, mais il changea d’expression, et sa beauté tragique eut comme une auréole de belle et profonde tendresse.

— Maurice ! murmura-t-elle d’une voix si douce que le bandit eut la poitrine serrée : le premier, le dernier battement de mon cœur ! Vous avez mesuré ma haine, il n’y a que moi pour juger mon amour.

Elle reprit avec plus de calme :

— Avez-vous donc cru que j’oubliais Maurice ? je ne pense qu’à lui, je ne travaille que pour lui. Dieu lui-même a serré nos liens ; mon frère, que ma volonté ardente est de venger, n’était-il pas le bienfaiteur de Maurice ? Si Maurice était libre, avec quelle joie il engagerait sa vie pour payer ma dette ! La sentence que j’ai pro-