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depuis l’Hercule de l’Antiquité, pour abattre un lion furieux avec un bout de bois et d’un seul coup !

Il marcha en tâtonnant vers le coin où se faisait la cuisine, car la faim le talonnait. Le fourneau de fonte était froid et sur la planche où Échalot mettait d’ordinaire ses pauvres provisions, il n’y avait pas même une croûte de pain sec.

— Est-ce qu’il se dérange, ce gredin-là ? pensa Similor. Où donc peut-il être allé avec le môme ? Quand le diable y serait, il va revenir coucher, toujours ? Qui dort dîne ; en l’attendant, je vais tâcher de faire un petit somme !

Il traversa la baraque dans toute sa longueur pour gagner l’endroit où était la paille du lion.

— C’est encore chaud, fit-il en se couchant à la place occupée naguère par sa victime, mais ça ne sent pas la rose.

Au moment où il fermait les yeux, quelqu’un tira au-dehors le loquet de l’entrée des artistes.

Similor se souleva sur le coude et pensa :

— Allons, j’ai de la chance, je n’aurai pas attendu trop longtemps mon souper.


XXXIV

La tentation de Similor


Le nouvel arrivant était encore un habitué de la baraque, car il ouvrit la porte sans effort et entra comme chez lui.

Similor, désormais, attendait. Le sauvage parisien a des prudences d’Iroquois ; il guette toujours un peu avant d’agir ou de parler.

Le nouveau venu eut à peine fait quel-