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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/331

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Similor ne bougeait plus, tant il était effrayé du bruit qu’il venait de faire. Il n’avait pas encore quitté le lit du lion ; le hasard avait entortillé un de ses pieds dans le lien d’une botte de paille, et chaque fois qu’il cherchait à se dégager, la botte remuait, la paille bruissait.

Quel était cependant son dessein, en dehors de ce fait principal, de cette aspiration enivrante : la volonté de s’emparer des billets de banque ? Il connaissait Échalot des pieds à la tête, il savait que le digne garçon défendrait jusqu’à la mort le dépôt qu’on lui avait confié.

Qui veut la fin veut les moyens. Ne fouillons pas trop avant dans les profondeurs de ce caractère.

Avec certains seigneurs bien couverts portant gants blancs et bottes vernies, nous serions en vérité plus à l’aise.

Et après tout, Similor n’avait peut-être pas songé à cette nécessité où il allait être d’assommer Échalot, son meilleur ami.

Au moment où ce dernier retournait le cinquantième billet, un bruit distinct lui fit dresser l’oreille.

Il regarda du côté de la paille et vit deux yeux qui brillaient en vérité plus rouges que ceux du lion lui-même.

C’est à peine si la chandelle posée sur la table jetait une vague lueur jusqu’au tas de paille. Échalot ne reconnut point Similor, mais à la vue d’une forme humaine, il saisit les billets à poignées, les fourra vivement dans sa poche et boutonna sa redingote.