arrivait d’un double accident, il resterait seul au biberon ici-bas.
Il étala sa redingote sur la table et la brossa d’une main caressante, tout en poursuivant :
— Voilà les fruits de ta conduite inconséquente et dissolue, Amédée. Je ne voudrais pas te gronder sévèrement puisque le coup a été mauvais, mais c’est toi qui as commencé, et je n’ai fait que défendre la chose sacrée du dépôt qui n’est pas à moi… Tu ne réponds pas ?… T’es donc bien malade ?… Attends voir que je mette ma lévite dans un endroit propre et je vas revenir te prodiguer les soins compatibles avec mon apprentissage de pharmacien. Ah ! tu m’en as fait des crasses depuis qu’on est ensemble ; mais c’est plus fort que moi, et je te pardonnerai celle-là comme les autres.
Il avait plié la redingote avec beaucoup de soin et regardé plutôt dix fois qu’une la place froissée par le coup de pied.
Il hésita un instant sur la question à savoir s’il laisserait le trésor de la dompteuse dans le paquet, mais son bon sens lui dit que mieux valait ne point s’en séparer et il glissa les billets de banque entre sa chemise et son gilet, boutonné du haut en bas.
Après quoi, il gagna le coin où il faisait bouillir d’ordinaire le lait de Saladin et déposa le cher vêtement sur la planchette qui était son armoire.
Puis il revint, l’âme pleine de miséricorde, et disant déjà :
— Maintenant, me voilà tout aux soins de l’amitié. Aie pas peur, Amédée ; s’il le faut, je te ferai chauffer du tilleul et de la camomille.