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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/373

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Les yeux de la marquise étaient rouges ; toute sa physionomie exprimait un trouble profond.

Comme Valentine lui demandait le motif de son chagrin, elle répondit :

— Depuis six semaines, je n’ai pas dormi une nuit tranquille ; pense donc à tout ce qui nous est arrivé, ma pauvre enfant ! Dieu merci, te voilà bien mieux, tu es calme, ton intelligence est revenue mais sommes-nous donc pour cela au bout de nos peines ?

Valentine baissa les yeux ; il y avait une réponse navrante dans l’amertume de son sourire.

Mais Mme d’Ornans ne pouvait comprendre ce silence ; elle poursuivit :

— Maintenant que tu raisonnes, tu dois te rendre compte de bien des choses : J’ai accepté une lourde responsabilité en consentant à ce mariage. Mon excuse est dans la tendresse sans bornes que j’ai pour toi, chérie ; il fallait que ce malheureux jeune homme fût sauvé, puisque tu serais morte de sa mort ; toute autre considération s’est effacée à mes yeux. Je pensais à vous deux jour et nuit, et je me suis dit : Quand Maurice sera délivré, il quittera la France, elle voudra le suivre, et tout ce qu’elle veut il faut que je le veuille ; mon devoir est à tout le moins de régulariser autant que possible cette situation…