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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/375

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Valentine lui tendit la main et prononça tout bas :

— Je vous écoute, ma mère, et je vous remercie.

M. Hureau, le vicaire de Saint-Philippe-du-Roule, est un bon prêtre, reprit la marquise comme si elle eût plaidé vis-à-vis d’elle-même, c’est un très bon prêtre, nous le connaissons tous, et il a fallu l’insistance de M. de Saint-Louis pour vaincre ses scrupules, car enfin ce que nous allons faire n’est pas régulier…

Elle essuya ses paupières mouillées.

— Mais il ne s’agit pas de cela, dit-elle d’une voix qui était presque étouffée par les larmes, je n’ai plus que toi sur la terre, pauvre chérie, et cependant, ce n’est pas pour toi que je pleure. Tu as bon cœur, tu vas partager mon chagrin. Depuis le jour de deuil où j’appris que je n’avais plus de fils, je ne me souviens pas d’avoir eu ainsi l’âme navrée. C’est une si vieille amitié que la nôtre ! et il avait pour toi une tendresse si paternelle ! Mon enfant, ah ! mon enfant, il y a en ce moment un saint qui se prépare à monter au ciel ; nous allons perdre l’excellent colonel Bozzo. Il est couché sur son lit d’agonie ; jamais, entends-tu, jamais il ne se relèvera !

La main de Valentine, froide comme glace, serra les bras tremblants de la marquise, mais elle ne prononça pas une parole.

— Sans doute, fit cette dernière, je ne t’accuse pas, ma fille ; tu n’as qu’une pensée ; il n’y a plus de place dans ton cœur pour les peines de ceux qui t’entourent. Mais si tu savais comme celui-là t’aimait ! Si tu savais… c’est lui, c’est lui seul qui a tout fait, c’est à lui que tu devras ton bon-